dimanche 31 juillet 2011

SEMAINE # 19     /CH
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Relique
Nous serons alors dépouillés de tout
Nus comme au début
Nous réinventerons des dieux sans prophètes
Que nous ne craindrons ni n’adorerons
Dont nous n’attendrons pas de châtiment
Et pas de secours
Et qui en échange n’exigeront rien
Ni prières ni temples
Nous nous méfierons de ceux qui prétendent
Porter la parole et dicter leurs ordres
Nous emprunterons
Les chemins nouveaux d’une errance confuse
Des idoles perdues
Tenteront en vain de nous rassembler
Mais de tous leurs coffres tabernacles morts
Tomberont les livres de comptes mensongers
Que par devers eux ils voulaient garder.


IN THE BEGINNING   /  My Brightest Diamond with yMusic
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dimanche 24 juillet 2011

SEMAINE # 18     /Fd37
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Standard & Poor's menace à son tour de dégrader la note des Etats-Unis.

A SPLINTERED MIRROR   /  Brian Lavelle
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dimanche 17 juillet 2011

SEMAINE # 17     /CH
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La toupie
Après-midi d’été. Sur la place des enfants jouent. De grands arbres dispensent une ombre qui atténue à peine l’impression de chaleur étouffante. Assis, sur un banc fraîchement repeint d’un rose sombre d’assez mauvais goût, j’observe. De l’autre côté de la place, légèrement masqué par les jeux destinés aux enfants, tourniquet, toboggan, balançoires notamment, un homme s’est accroupi. Il a une quarantaine d’années et porte un costume dépareillé. Il a enlevé sa chaussure droite et il tape avec sur un objet que j’ai du mal à identifier. La chaussure est un outil peu résistant et il ne parvient pas à démanteler ce qui, en fait,  a l’air d’être une tour d’unité centrale d’ordinateur. Il la remet à sa place et donne un coup de pied à l’objet qui bouge un peu mais sans s’ouvrir. Il saute dessus et cette fois la coque de protection cède. Il s’accroupit et, ne disposant pas d’outil, comme mu par un réflexe immémorial, se saisit d’une pierre pour tenter de démonter ce qui peut l’être. Il frappe méthodiquement, patiemment désormais que la bête est ouverte. Il glisse certaines pièces dans une poche en plastique qu’il a sorti de sa veste. Il s’acharne sur certains endroits puis se redresse, totalement indifférent au regard des autres, et part avec sa précieuse récolte. J’imagine qu’il tentera de revendre le tout à quelque ferrailleur. A ma gauche une femme est venue s’asseoir. Elle semble attendre quelqu’un ou quelque chose, préoccupée. Elle a un livre ouvert entre les mains mais n’en tourne jamais les pages et bien que ses yeux soient dirigés vers cet ouvrage, dont je n’ai pas réussi à lire le titre, c’est comme s’ils restaient bloqués sur le premier mot, incapables d’aller plus loin. Moi je n’attends rien, ni personne.  Sur un autre banc, à quelques mètres, de vieux maghrébins discutent doucement. Ils mélangent sans difficulté le français et un arabe aux intonations plutôt algériennes mais je soupçonne l’un d‘eux d’être originaire du Maroc. Un homme de leur âge passe en traînant les pieds, comme s’il avait des difficultés pour se mouvoir. Il les salue avec un fort accent pied-noir. Ici, ceux qu’on appelait les rapatriés, sont encore nombreux. Avec la chaleur tous ces hommes doivent s’imaginer revivre leur jeunesse africaine. Pas de palmier sur la place pour conforter leur imagination. Pas de clapotis de la mer non plus. Seulement le bruit des enfants qui crient et rient en se poussant et le piaillement de quelques oiseaux. D’un petit sac en tissu l’homme sort divers objets hétéroclites : un éventail, une lampe de poche, une boîte de conserve dont il soutient que le contenu n’est pas périmé en lisant la date inscrite sur le fond, des cartes postales écrites qui pourraient tenter un collectionneur, des bibelots et les propose à la vente à un prix dérisoire. Sans succès. Un avion passe et son vrombissement assourdissant couvre tous les autres sons. Je n’ai pas entendu sonner le téléphone portable de ma voisine pourtant elle l’a porté à son oreille et a commencé une conversation avant que le bruit des moteurs ait complètement disparu. Elle semble énervée, en colère même, mais il n’est pas possible de savoir de quoi il retourne. Elle parle pourtant fort mais les mots, mis bout à bout ne prennent pas un sens intelligible. Elle s’exprime par exclamations, affirme son refus par des « Non ! » sans appel mais elle ne forme pas la moindre phrase. Deux jeunes hommes, un blanc et un noir, mal rasés, vêtus salement, et apparemment passablement éméchés arrivent en titubant, hilares. L’un d’eux, le blanc, porte une petite pancarte en carton sur laquelle une écriture rouge irrégulière demande des subventions pour l’ouverture et le soutien d’une activité de cinéma ambulant en plein air. Il paraît difficile de croire à la viabilité de ce projet et même au début de sa réalisation. La femme a raccroché, contrariée. Même eux, les jeunes hommes, ne semblent pas motivés par ce qu’ils affichent et ils ne demandent d’ailleurs rien à personne. Ils ont posé la pancarte qui tient tant bien que mal verticalement, bancale, appuyée au sol grâce à des rabats. Le noir pousse une espèce de chariot qui pourrait autrefois avoir été un landau et sur lequel sont accrochés d’autres cartons, plus petits, recouverts d’écritures multicolores totalement indéchiffrables. Il s’appuie dessus pour ne pas tomber, ce qui lui donne une démarche irrégulière et peu assurée. L’autre reprend sa pancarte et repart d’un pas léger, comme s’il dansait. Personne n’a donné la moindre pièce à ces apparitions quelque peu surréalistes. La femme ne semble même pas les avoir remarqués. Elle a sorti un petit miroir du sac à main qu’elle tient sur ses genoux et réajuste son maquillage comme si elle avait un rendez-vous galant. Au final sa bouche est trop soulignée et ce qui se voudrait séduisant est davantage vulgaire. Elle compose un numéro sur l’écran de son portable. « Oui… C’est moi… Oui… Tout de suite. » Elle se lève et repart d’un bon pas dans la direction de laquelle elle était arrivée. Derrière le tourniquet avec lequel plus aucun enfant ne joue, une jeune femme, à peine majeure, semble se débattre contre trois jeunes hommes guère plus âgés. Elle rit à pleines dents. L’un des garçons a un appareil photo numérique compact et immortalise la scène, si l’on peut dire car ces photos se volatiliseront sans doute sur les réseaux sociaux. Les parents des enfants qui jouaient en face de moi sont venus les chercher et malgré quelques réticences les enfants ont quitté la place. Je reste assis, le spectacle va continuer.

ROBERT RAUSCHENBERG'S SUMMER RENTAL # 2 (abridged)   /  Alain Pire
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dimanche 10 juillet 2011

SEMAINE # 16     /Fd37
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« Ça me faisait un peu peur au début, j'avais peur d'avoir mal. Mais un soir où j'ai un peu trop bu, mes 3 cousins ont commencé à déconner et j'ai enchaîné direct. Je voyais que je les chauffais trop : j'ai pas raté ma chance. Je me suis mordillée la lèvre de plaisir. Ça m'a excitée davantage alors je leur ai dit : "bordel mais arrêtez de parler et montrez moi de quoi vous êtes capables !" Le défi les a drôlement chauffé. Paul m'a appuyé sur le dos pour que je me courbe au maximum et Luc et Michel l'ont rejoint. J'ai fouilli si fort et si longtemps que mes voisins ont tapé du pied. Mais moi, j'ai trop adoré. Si ma vie te gonfle, et que tu ne veux plus mes messages, dis moi. Et une dernière chose : si tu apprécies mes messages, stp, rajoute moi dans tes contacts ! J'en ai trop marre des gars qui ne répondent jamais, j'ai l'impression de parler à un mur, ça me gonfle vraiment. Alors si tu veux qu'on discute plus facilement ensemble, si je suis dans tes contacts, tu seras sûr d'avoir mes messages. A plus. »

FALLING FORWARD  /  Scanner
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dimanche 3 juillet 2011

SEMAINE # 15     /CH
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Voie fermée
J’espérais, en marchant, mon carnet et un petit crayon dans la poche, trouver quelques mots à griffonner de mon écriture mal formée pour tenter de bâtir ensuite un texte conséquent, riche, passionnant, étonnant. Mais je n’avais devant les yeux ou, plus exactement, au plus profond de mon cerveau et à la fois comme imprimées sur la rétine, que des images atroces, succession formidable de catastrophes informes, de visions terrifiantes où tu n’étais pas et que je me refusais à décrire. En vain, je tentais de me défaire de ces obsessions dont je sais pertinemment que, quoi que je fasse, quoi que je décide,  elles reviennent épisodiquement et m’envahissent durablement. Je savais déjà que ce soir, si j’y parvenais, je m’endormirais avec un mal de tête terrible et sans consolation possible, victime de maux dont je n’étais pas responsable et pour lesquels je ne portais aucune culpabilité mais dont il m’était impossible d’oublier définitivement l’existence.

DIRECTION LE PALAIS  /  Demian Clav
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